AURELIE & JONATHAN

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— J’adore Paris, ici on a la liberté. On peut pratiquer notre religion. Aux fêtes juives, mes amies musulmanes me disent : « Bonne fête ! »

— Moi, j’ai grandi dans une famille modeste, en haut d’une tour de trente étages du treizième arrondissement ; j’allais manger chez mes voisins. J’ai goûté toutes les cuisines, j’avais tous les pays sur le seuil de ma porte. Je suis comédien humoriste, je joue un one-man-show.

— Je recrute des gens et je les place. Il faut comprendre ce dont les clients ont besoin… Je suis une marieuse.

— Nous nous sommes rencontrés à l’anniversaire d’une amie commune.

— Je l’ai retrouvée sur Internet, je lui ai écrit un message : « Aïe ! J’ai une fracture nette de l’œil droit ! » Ça voulait dire : « Aïe ! Tu es tellement belle que tu m’as fait mal aux yeux ! »

— Son profil était spécial, sa fiche faisait peur ! Il était déguisé en Superman et il avait écrit : « Activité : fleuriste. Profession : je suis une jonquille. » J’ai pensé que c’était un dragueur…

— Un jour, elle m’a écrit : « Salut ! » Elle m’avait écrit, c’était le plus important.

— On a chatté pendant trois mois.

— Un vrai coup de cœur de personnalités, une attirance physique sur Internet !

— On s’est téléphoné. Elle avait une voix de petite souris. Je me suis demandé : « Est-ce que je suis prêt à entendre sa voix tous les jours ? » Puis elle est venue chez moi. Je me suis dit : « Et si elle ne me plaît pas ? »

— J’avais des vieilles chaussures dégueulasses, un ensemble en velours.

— Sur le coup, il n’y a pas eu d’étincelle, j’étais pas déçu mais j‘étais pas content.

— Il avait un pull à rayures mauves. Je ne suis pas tombée à la renverse. Je ne me suis pas dit : « Wouah ! »

— Elle ne cassait pas des briques. Puis mon cousin m’a prêté son appartement et je l’ai invitée à dîner. Il habite au rez-de-chaussée. Je guettais son arrivée et là, une vision de film, un rêve, elle arrive en 206 CC ! Je la vois sortir de la voiture, les cheveux au vent, un petit pull, un vrai film américain ! Elle entre à la maison, je commande des sushis, ils mettent une heure à arriver, on se met à parler… Je lui ai proposé un petit jeu, qu’on apprenne à se découvrir physiquement, qu’on touche nos visages les yeux fermés.

— J’avais envie de rire. Nous nous sommes rapprochés, embrassés. Deux aimants ! À partir de ce moment-là, on ne s’est plus quittés.

— Nous sommes montés en haut de la tour Eiffel et je lui ai dit : « Je t’aime. »

— Moi je ne voulais pas perdre mon temps, toutes mes copines se mariaient.

— À la synagogue, le rabbin m’a dit que je pouvais bénir les gens pendant un an. Je souhaitais à mes amis que Dieu leur apporte la santé, la réussite et l’amour. J’ai béni même le rabbin ! Le mariage ? C’est comme si on me disait que j’étais milliardaire !

© Gérard Uféras