ELISABETH & JORGE

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— Nous nous sommes rencontrés dans une soirée antillaise. Nous sommes tous les deux Capverdiens.

— Il était mignon. On a parlé du pays, de nos parents. Il y a peu de Capverdiens ici.

— Elle était sympathique.

— Puis on a discuté sur Internet pendant deux ou trois mois… C’est la nouvelle génération de communication.

— Il m’a donné rendez-vous dans un parc près de chez lui. J’étais très stressée, et même un peu en panique. Il avait amené un petit goûter, des biscuits et de l’Oasis… mais il avait oublié les verres. On est restés des heures à parler de tout et de n’importe quoi. On s’est rapprochés. Quand je suis rentrée chez moi j’étais contente, toute excitée, dans un nuage : j’étais sûre que j’avais trouvé mon mari. Je ne saurai jamais l’expliquer… On a vite emménagé ensemble. On n’avait rien. Un matelas par terre. Mais j’avais mon homme dans ma maison. 

— On a eu un enfant, une petite fille. 

— Monsieur voulait absolument avoir un enfant. Moi je suis très catholique je ne voulais pas vivre dans le péché.

— Je n’étais pas pressé de me marier : on peut très bien vivre sans se marier.

— Pour moi le mariage, c’était très important. Un soir il m’a invitée au restaurant, il a sorti la petite boîte et il m’a offert la bague. Finalement il est venu chez mes parents faire sa demande. Chez nous on est assez stricts.

— Je ne suis pas trop pour les traditions. J’y suis allé seul et j’ai parlé au père. Il était très content.

— Il a eu droit à son verre de rhum. Puis les familles se sont rencontrées. Tout le monde s’est bien entendu, tout le monde rigolait ensemble.

— À notre mariage, il y avait plus de cinq cents personnes. Les parents se sont occupés du repas. Nous on a payé tout le reste.

— Une cousine est venue de Hollande pour cuisiner la morue. Les tantes préparaient les haricots, le riz, les pommes de terre, la viande. Nous n’étions pas au Cap-Vert mais ça y ressemblait. On habite en France mais on garde nos traditions.

— À l’église, l’orchestre était composé de tous mes oncles… On a été très surpris du résultat !

— On a fait faire toutes les tenues des enfants pour le cortège, des demoiselles et des garçons d’honneur. C’était une galère, mais si je devais le refaire, je le referais. J’ai adoré organiser le mariage, même si c’était fatiguant.

— Après tout, tout ça c’est pour la vie ! Moi j’avais déposé mon costume au pressing, mais il manquait un bouton au gilet. J’ai paniqué. Heureusement il y avait un bouton de rechange à l’intérieur.

— J’ai passé des mois à chercher la robe. Finalement je l’ai trouvé. Et on avait loué une limousine un peu ancienne, une voiture de roi et de reine ! 

— Trop belle cette voiture !

— Pendant le mariage j’ai eu une grosse crise d’angoisse. Mais dès que j’ai dit « oui », j’allais mieux. 

© Gérard Uféras