MARIAME & XAVIER

41_16.jpg

— Je suis Malienne. Je suis venue ici pour continuer mes études en hôtellerie et tourisme. Mais j’ai dû chercher du travail. Mon visa a expiré. Je travaillais dans les hôtels, pour une entreprise. Je nettoyais les chambres. Au début de la grève j’avais peur de perdre mon travail, de me faire expulser. On n’était que trois mais très déterminées.

— Je suis un militant politique et syndical. Je travaille pour les sans-papiers… Dans la bataille elle me faisait totalement confiance. On a occupé le site. On a étudié la loi.

— La grève nous a rapprochés.

— L’affaire est devenue très médiatique. On a réussi à faire régulariser sept personnes, on a forcé le ministère à négocier. Quand les Maliens s’engagent dans quelque chose, ils vont jusqu’au bout.

— On avait du soutien, des gens venaient dormir avec nous. 

— C’est comme ça qu’on s’est rencontrés, grâce à ma lutte militante et politique… J’ai participé à sa délivrance. Je n’ai pas lâché le morceau. Je n’avais rien à perdre.

— Son défaut c’est de s’énerver et de crier…

— Mariame est belle, douce, sensuelle, tendre, courageuse, elle a beaucoup de volonté, travailleuse, bonne cuisinière… Pour le mariage, je connaissais bien la Maire du XXe arrondissement.

— J’étais triste car j’aurais voulu que ma mère soit là, je pensais à elle, à toute ma famille. J’aurais voulu me marier là-bas, au Mali, j’aurais préféré… Mais c’est notre projet d’y aller. Ce qui a changé depuis mon mariage ? J’ai des papiers !

© Gérard Uféras