SABRINA & AZIZ

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— Nous sommes nés en France tous les deux mais nous sommes d’origine algérienne, alors nous sommes Algériens, c’est notre vrai pays.

— La première fois où nous nous sommes rencontrés, il a cru que j’étais étudiante. Mais j’étais prof. Prof de français. Je donnais des cours du soir. On s’est revus une semaine après. 

— C’était la rupture du jeûne de ramadan. Nous avons bu un chocolat. 

— Mon cœur battait à cent à l’heure. Un coup de foudre réciproque, oui c’était un coup de foudre double. Je me suis dit c’est lui, la personne de ma vie. Nous nous étions à peine parlés. J’avais son téléphone, je l’ai appelé, je suis allée chez lui. Il surveillait à la fenêtre, je montais les escaliers, j’étais devant sa porte, enfin nous étions face à face. Les mains qui tremblent… La sensation d’avoir très chaud… On s’est remis à bavarder. Il y avait deux conversations, l’une par la bouche l’autre par les yeux.

— Je n’avais aucun doute sur le sujet, c’était elle. C’était évident. Les familles ont commencé à se rencontrer. À faire les demandes. Les femmes dans la chambre, les hommes dans le salon. 

— On a passé cinq ans à attendre sans pouvoir vivre ensemble. Je devais finir mes études.

— Depuis que nous nous sommes mariés, nous vivons dans la transparence complète.

Avoir la même culture c’est un vrai plus. 

— L’Algérie c’est notre pays, plus que la France. Nous sommes des Algériens qui vivons en France, tôt ou tard nous rentrerons au pays. C’est notre objectif. C’est comme ça. C’est traditionnel. Et nous élèverons nos enfants dans cet esprit. Nous reproduirons ce schéma. Nous vivons dans un espace où règne la France. Notre culture, si elle se mélange, elle se dilue. On sépare bien les hommes et les femmes ! Je ne danse pas ; un homme ne danse pas dans une salle où il y a des femmes et ses parents.

— Oui… Se réveiller, prendre le petit déjeuner ensemble, c’est bien.

— Sortir, monter ensemble dans la même voiture, et aller au même endroit… 

— Pour beaucoup le mariage est une formalité, pour nous ça a été un cap. 

— On a attendu si longtemps.

— On a eu un parcours si atypique.

— Je souhaite à tous les mariés de s’aimer autant qu’on s’aime. 

© Gérard Uféras