THO & STEPHANE

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— Je suis Vietnamienne, je parle mieux le vietnamien que le français. Mon père était soldat aux côtés de la France. Mais là-bas, c’était mal vu, il a dû partir avec ma mère. Quand on est arrivé ici, on n’avait rien, on dormait par terre. Ma mère qui avait toujours vécu comme une princesse, se retrouvait à faire des ménages. 

— On s’est rencontrés dans la société où on travaillait tous les deux. La première fois que j’ai vue Tho, je venais chercher une feuille de paye. Elle m’a glacé ! Elle n’était pas à prendre avec des pincettes. Je ne suis plus jamais retourné dans son bureau.

— Le dimanche, je danse la salsa. J’ai fait la connaissance du frère de Stéphane par hasard. Je suis devenue un peu plus gentille avec lui. On a commencé à prendre le RER ensemble. On discutait et on riait tout le temps.

— Je me suis mis à la Salsa. Et on a visité Paris. Pendant quatre mois… Même les catacombes.

— Il est devenu un ami très précieux. Il voulait sortir avec moi mais il faisait un pas en avant, trois en arrière. Parfois il dormait chez moi mais je ne savais pas très bien ce qu’il voulait. 

— On couchait dans le même lit mais j’étais tétanisé. Je ne savais pas quoi faire.

Un matin je l’ai embrassée.

— On voulait tous les deux une relation pour la vie.

— On a commencé à parler « enfants » avant même « mariage ».

— Il m’a demandé de l’épouser dans une église, devant la statue de la Vierge Marie.

— On a attendu qu’elle n’ait plus son appareil dentaire pour se marier. Et puis… ma mère s’inquiétait à cause de l’écart d’âge : Tho a 10 ans de plus que moi. Nous nous sommes mariés à l’église Saint-Paul. Je suis très attaché à ce quartier. Ma famille y a toujours vécu.

— On a choisi des chants en vietnamien, et des explications en français… D’être de cultures différentes est un atout. Beaucoup d’étrangers ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont de vivre ici. Question de tolérance, je dis « Chapeau à la France » !

© Gérard Uféras