VILDAN & GOKHAN

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— Je lui disais : « Bonjour ! » Elle, elle passait sans répondre…

— Je n’entendais pas.

— On ne s’est pas parlé pendant un an ; je me disais qu’elle était inaccessible, ça m’a attiré.

— Puis, on s’est parlé et on a échangé nos numéros de téléphone.

— Les demandes ont duré plusieurs mois. Nos parents se rendaient visite. Au début, son père a refusé. Nous avons dû repartir. Il a fallu attendre que les familles fassent connaissance. C’était long. Nous sommes revenus trois ou quatre fois pour demander sa main.

— Moi, chaque fois que les familles se réunissaient, je n’avais pas le droit de venir dans le salon. Je restais dans la cuisine. Quand il a su que je voulais me marier, mon père ne m’a plus parlé. Il n’acceptait pas que je sorte avec quelqu’un.

— Ici, c’est un pays libre. On fait ce qu’on veut…

— Si mon père avait continué à dire non, on avait un plan, mais j’ai toujours eu l’espoir qu’il accepte.

— Maintenant, quand je pense à son père, je revois celui qui m’a refusé lors des

premières demandes. Il disait non parce qu’il voulait que sa fille se marie avec quelqu’un de son village.

— Pour être sûr que je sois heureuse.

— Moi, je suis du même village que le Président de la Turquie. Maintenant, le trésor est avec moi. Tout le reste je m’en fous : j’ai gagné !

© Gérard Uféras